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Vivre à Paris

29 juillet 2018

Pourquoi il y a beaucoup de parisiennes en béquilles...

"Salut! Tu peux m'aider?" Je crois que c'est la première phrase que j'ai entendue quand j'ai débarquée à Paris depuis ma province. C'était une voix féminine, alors je me suis retournée. Elle avait dans les vingt ans, le style baba-cool, des cheveux bouclés et un visage sympathique. Elle était en béquilles. Des béquilles qui semblaient avoir vécues. On était dans le métro. Des escaliers vertigineux menaient jusqu'au quai. Déjà que sur deux pieds mieux valait se tenir à la rampe, il ne me fallût pas longtemps pour capter de quelle aide la jeune femme avait besoin. Elle me demanda de lui tenir ses béquilles, s'arc bouta sur la main courante et s'accrocha fermement à mon épaule de l'autre main et on descendit l'escalier, elle sautillant sur un pied. On aurait pu en rester là, si la voix d'un haut-parleur ne nous avait pas annoncé l'arrêt de la circulation des rames au prétexte d'un "accident de personne", terme pudique pour désigner que quelqu'un avait eu la mauvaise idée de prendre le métro...en pleine poitrine. A Paris, c'est hélas banal. Alors on a refait toutes les deux le chemin en sens inverse. Tant pis pour son cour aux Beaux-Arts et tant pis pour mon shopping.

Paris fin avril. Les premiers vrais rayons de soleil. L'occasion de s'asseoir à une terrasse de café et de papoter. "Au fait, moi c'est Anouk et toi?". Anouk est un prénom qui lui va bien tant elle me paraît douce et pétulante. D'une certaine façon je l'envie. J'aimerai avoir ce style et cette façon d'être hors des conventions. Celà viendra peut être quand je serai allé plus avant dans la découverte de la faune parisienne. On s'asseoit. Anouk croise une jambe l'une sur l'autre et dévoile ce que la robe longue câchait jusqu'à présent. D'un côté une chaussure montante, une Kickers marron aux lacets pendants. De l'autre une bande Velpeau posée à la va-vite, et de petits orteils aux ongles peints d'un rouge sombre, comme un ilôt de feminité conventionnelle qui contraste avec l'allure de la jeune femme.

"Je me suis vautrée en trébuchant sur le séparateur de la voie de bus" dit-elle en riant, ajoutant "et je me suis niquée la cheville! Regardes!". D'une main leste elle défait son bandage. "T'as déjà vue un melon arc-en ciel?" rit elle encore en me désignant son petit pied enflée et l'hématome multicolore qui part de la cheville et file jusqu'aux orteils. Je m'inquiète car je ne me souviens pas d'avoir eu la cheville dans cet état lors de mon entorse d'il y a cinq ans. Anouk me rassure. "Tu parles.Je suis pas restée comme çà. je suis allée au dispensaire, on m'a faitt une radio et le toubib m'a dit que je m'étais simplement foulée la cheville. D'ailleurs je commence à pouvoir marcher. Les béquilles c'est plus pour tenir la distance et surtout parce que je ne peux pas me chausser. Tu sais à Paris, dès que t'as une ampoule, vaut mieux prendre les béquilles vu le chemin qu'il faut se taper pour le moindre truc".

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